Wikileaks : "Nous n’avons fait que notre devoir de journaliste"
En juillet 2010, les révélations de Wikileaks ont été relayées par les plus grands quotidiens nationaux. Ces nombreuses publications ont suscité de vives polémiques et ont été fermement condamnées par les gouvernements. Malgré tout, Le Monde a souhaité établir une véritable collaboration avec cette organisation. Pour comprendre cette initiative, nominée au trophée de l’e-démocratie 2011, Yves Eudes, l’un des journalistes qui a participé au traitement de l’affaire, nous explique comment la rédaction du Monde a approché cet événement.
Blog-territorial : Comment avez-vous abordé l’affaire Wikileaks ?
Avez-vous subi des pressions politiques ?
Y.E. : Le Monde, non. Comme il s’agissait de documents américains, le New York Times a pris l’initiative de contacter les autorités. Même si cela s’est mal passé au début, ces dernières ont quand même joué le jeu. Elles ne voulaient pas entrer en guerre contre le quotidien new-yorkais. Néanmoins, certaines personnes du département d’état ont pu faire des suggestions, voire mettre leur veto sur certaines diffusions du journal. Par la suite, ils ont globalement pris leurs décisions de publications de façon collective.
“Nous avons fait ce que Le Monde a toujours pratiqué : la transparence responsable”
B-T : Selon vous, en quoi la révélation de ces documents est-elle un geste
démocratique?
Y.E. : Tout d’abord, une grande partie des documents publiés n’étaient pas réellement secrets, car les informations étaient plus ou moins du domaine public, ou du moins connues des spécialistes. Nous n’avons jamais eu accès aux dossiers extrêmement confidentiels des services secrets ou de la Maison Blanche. Si cette divulgation des dossiers par Wikileaks a eu lieu, c’est parce que des centaines de milliers de fonctionnaires et de militaires américains y avaient accès. Il faut savoir que même des jeunes diplomates américains n’appréciaient pas la manière dont la hiérarchie critiquait Wikileaks : eux voyaient en cet évènement la possibilité de montrer que les États-Unis soutiennent toujours la liberté d’expression. En ce qui concerne la publication de ces documents, nous avons fait ce que Le Monde a toujours pratiqué : la transparence responsable.
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