Un site web pour débattre de l’identité nationale
Par Christophe Baudouin Lundi 2 novembre, le Ministère de l’Immigration, de l’Intégration et de l’Identité nationale lançait le site www.debatidentitenationale.fr. L’objectif : appeler les concitoyens et les étrangers à livrer leurs témoignages pendant 3 mois sur une question litigieuse version Eric Besson : “Pour vous qu’est-ce qu’être Français ?”. Remise des copies le 4 février 2010. Une synthèse des contributions livrées par les internautes sera présentée par le Ministre Eric Besson à l’occasion d’un colloque. Thème cher à Nicolas Sarkozy, deux ans et demi après son discours sur la « fierté d’être français », le débat sur l’identité nationale s’invite à nouveau sur le devant scène médiatique. A l’approche des élections régionales, l’opération ressemble fort à une stratégie de communication dans le but de capter l’électorat du FN, alors que l’Élysée table sur une remontée de l’extrême droite. Alors rien de nouveau sous le soleil, me direz-vous. C’est bien un parfum de campagne présidentielle qui plane au moment où le Chef de l’Etat reprend une de ses promesses de 2007 : valoriser la « fierté d’être français ». Cependant, l’opposition n’est pas en reste. Ségolène Royal, prenant le contre-pied du PS, se targue d’avoir “été d’ailleurs la première à poser la question de la nation et de l’identité nationale”. Le fait de poser la question dans l’espace public a le mérite de nous interroger sur une culture nationale, qui est par définition, plurielle et mouvante. Cependant, à quelques mois des scrutins de mars 2010, cette opération est criante de calculs politiques. Dans le camp de la majorité, certaines voix dissonantes se sont faites entendre dans cette direction. Ainsi, le président du Sénat, Gérard Larcher, ironisait à propos de l’identité nationale : « C‘est Marianne qui fait sa psychanalyse ». Martin Hirsch donnait quant à lui une fin de non recevoir en expliquant que « la France n’a pas de problème d’identité ». Identité nationale : c’est Marianne qui fait sa psychanalyse C’est à se demander si l’UMP n’a pas désormais le monopole du « grand débat sur l’identité nationale » tant l’utilisation de cette vieille recette électoraliste semble récurrente. Certes, la manœuvre politicienne est bien connue. Jean-Marie Le Pen est coutumier du fait, lui qui a manipulé à des fins électorales sur des accents populistes la question de l’identité nationale. Y aurait-il quelque chose de pourri dans le royaume de France ? « Pour vous qu’est-ce qu’être Français ? » signifie qu’il n’y a pas de demi-mesure dans cette équation politique : d’un côté les bons patriotes et de l’autre les marginaux. Cet élan qui se veut humaniste et républicain de la part d’un ministère de l’Immigration prêt à sourire lorsqu’au même moment le gouvernement affrète des charters pour expulser des Afghans demandeurs d’asile politique. Alors faisons un rêve : Qu’est-ce qu’être Français ? Défendre le concept d’une nation de résistance et apprendre sur le bout des doigts la lettre de Guy Môquet plutôt que le roman de “La Princesse de Clèves” ? Afficher sa réussite sociale et porter bravement une Rolex à son poignet ? La “culture, la civilisation, c’est le métissage” clamait Aimé Césaire. Quitte à choisir, dans la veine d’une identité qui se conjugue au pluriel l’insoumis Serge Gainsbourg est plus inspirant que le bling-bling Élyséen. L’homme à la tête de chou réinterprétant La Marseillaise à l’image d’un acte de résistance d’une France métissée qui se trémousse sur le son reggae…décidément aux antipodes de ce “marketing politique” orchestré par le gouvernement.
[post-views]
Évidemment, ce n’est qu’une opération de communication, une basse manoeuvre dirigée vers les électeurs tentés par le retour au bercail (FN).
Nos élites qui nous assurent depuis 20 ans que la Nation est un concept dépassé se réveilleraient soudainement?. Je n’y crois pas une seconde. L’idéologie post-nationale était l’une des composantes du néolibéralisme qui nie par essence toute entité collective. C’est la fameuse phrase de Thatcher : “there is no such thing as society”. Pourtant les Nations demeurent les seules réalités internationales et notre principe fondateur, la base de la citoyenneté.
J’estime que la gauche n’a aucun complexe à avoir, ni de leçon à recevoir sur la question de l’identité nationale. Elle doit donc prendre part au débat sans pour autant tomber dans le piège tendu par Besson. Il faut rappeller que la politique du gouvernement détruit cette identité nationale, républicaine chaque jour depuis deux ans et demi.
D’accord, mais avec quel projet politique ? Régulariser l’ensemble des sans-papiers comme le souhaite Martine Aubry ? Ce qui pour le coup inscrit également cette mesure dans le catalogue des effets d’annonce à 3 mois des régionales…;-)
Il est malheureux de constater que des personnes se comportant correctement dont les parents sont d’origine étrangère, français et se comportant correctement, subissent des discriminations liées au laxisme des autorités face à l’extrême montée de la violence dans notre pays.
Être français c’est prétendre à vivre dans un pays respectant les droits de l’homme: Liberté de pensée (religieuse inclue),d’expression, d’entreprendre¨. . L’égalité devant la loi signifiant des droits etdes devoirs. la laïcité vraie dans le respect des consciences.C’EST aussi respecter les lois de la république,notre drapeau, notre hymne, nos coutumes.C’est accepter nos origines réciproques, c’est accepter vivre ensemble sans communautarisme et vouloir avancer vers l’Europe en regardant le monde sans crainte.
Le 1er round des élections régionales 2010 a montré, entre autre, l’échec de la stratégie présidentielle de capter les voix du Front national.
Le grand débat sur l’identité nationale lancé début novembre 2009 a + fait l’effet d’un loupé électoral. Le PS est en tête dans ce 1er tour et remporte 29,48 % des voix, devant l’UMP (27,5 %), Europe Ecologie (12,5 %), le FN (11,7 %), le Front de gauche (6 %), enfin le Modem (4,31 %).
Ce marketing politique sur l’identité nationale voulu par Nicolas Sarkozy depuis 2007 a davantage servi l’argumentaire de la politique de l’amalgame du FN : chômage, burqa, immigration…
De quoi réveiller le spectre du 21 avril 2002 avec une abstention record (53,6 %) enregistrée pour ce 1er tour des élections régionales 2010.