Stress au travail… la fonction publique territoriale n’y échappe pas !
Comme beaucoup, vous pensez que les agents de la fonction publique sont des fainéants ? Que le stress au travail est un effet de mode ? Pour mettre fin à tous ces préjugés, Patrick Lamarque et Jean-Dominique Dalloz ont co-écrit un dossier sur “Le stress dans la fonction publique” présentant la réalité du stress au travail dans la fonction publique et plus particulièrement dans les collectivités.
“Le ou les agresseurs peuvent se grandir en rabaissant les autres et aussi s’éviter tout conflit intérieur ou tout état d’âme, en faisant porter à l’autre la responsabilité de ce qui ne va pas.” Marie-France Hirigoyen
La pression au travail
La notion de “Job Strain” ou stress au travail a pour la première fois été théorisée par le chercheur américain Robert Karasek. Selon lui, le facteur central du mal-être au travail est une conjonction d’une forte exigence mentale du travail et d’un fort contrôle des résultats. Une autre notion qu’il évoque est “l’Isostrain” c’est-à-dire la faible latitude laissée au sujet dans l’accomplissement de sa tâche. Ces trois facteurs sont à l’origine de la plupart des souffrances liées au stress.
“Il dénonce des réformes et réorganisations incessantes en pointant en particulier l’absence de consultation et d’information.“
Le cas de Jérôme, directeur financier d’une communauté d’agglomération de l’Est, est à ce titre intéressant. Interviewé par J.-D. Dalloz, il dénonce des réformes et réorganisations incessantes en pointant en particulier l’absence de consultation et d’information. En un mot, des conditions de travail qui se détériorent.
Il évoque des décisions prises en désaccord avec son éthique personnelle, une trop grosse charge de travail, une absence notoire d’espace privé, des ressources budgétaires détériorées ainsi qu’une tension quotidienne et surtout une marge de manœuvre de plus en plus réduite. “Ce qui me heurte au plus haut point, c’est ce sentiment de gâchis. Un gâchis collectif, et un gâchis de moi-même.”
Le stress, réaction à la perception d’une agression
Il n’y a pas de bon ou de mauvais stress, il y a seulement des façons différentes de réagir ou de résister dès l’instant où notre cerveau perçoit un stimulus stressant. Cela dit, plusieurs catégories d’effets sont engagées lors d’une période de stress : il peut y avoir des réactions comportementales, mentales ou encore physiques. Elles peuvent causer des épuisements graves voire des phénomènes suicidaires comme on a pu le voir ces dernières années dans certaines entreprises telles que Renault et France Télécom.
Citons le témoignage de Fabienne, chef de service à la direction des affaires scolaires dans le sud de la France. Elle s’est retrouvée face à une nouvelle équipe d’élus et des pratiques déstabilisantes qui vont entraîner une situation de stress dévastatrice. Elle évoque ainsi “Insomnies à répétition, troubles digestifs, sourdes douleurs un peu partout dans le corps”, autant de symptômes physiques déclenchés uniquement par le stress.
L’électeur, le facteur “stressant” des collectivités locales
Selon Patrick Lamarque, une des principales fautes doit être inculpée à l’électeur. En effet, les conditions d’exercice des fonctions des élus se durcissent en raison, entre autres, d’une obligation de résultats auprès des citoyens/électeurs. Cela introduit une pression dans l’exercice électif et professionnel, qui entraîne une fuite des responsabilités. De ce fait, l’élu déverse son angoisse sur ses subordonnés qui eux mêmes, trop stressés, vont “harceler” et donc causer du stress à l’intégralité de la chaîne managériale.
“L’extension du mal-être au travail pourrait être grandement réduite“
Quelles origines au stress de la fonction publique ?
Il existe trois origines au stress. La première est l’environnement socio-économique, c’est-à-dire l’intensification du travail ou l’individualisation de la performance. Vient ensuite l’organisation du travail : la gestion des Ressources Humaines comme les tâches mal réparties, les imprécisions des missions… Et enfin, les relations interindividuelles dégradées, comme le manque de soutien des supérieurs, une reconnaissance insuffisante… Sur ce dernier point, les institutions sont véritablement responsables car l’extension du mal-être au travail pourrait être grandement réduite sans nécessité de moyens financiers particuliers mais seulement avec de l’attention aux personnes.
Laurent, directeur de la communication d’une communauté d’agglomération de l’Ouest identifie quant à lui 5 principaux facteurs de stress, dont quatre qu’il attribue spécifiquement au domaine de la communication. Ce sont des agents en bout de chaîne qui pâtissent de multiples retards de décision des autres parties impliquées. En plus de cela, des absences récurrentes d’information sur l’état d’avancement des projets en cours, la fausse expertise des collaborateurs, ainsi que la forte exposition du poste de directeur de la communication aux aléas des périodes électorales, aussi appelée le stress du siège éjectable.
Le travail, un élément majeur de construction de l’individu
Conduire une politique nécessite de mobiliser les différentes parties prenantes en matière de bien-être au travail, c’est-à-dire les partenaires sociaux, les médecins du travail, les Ressources Humaines mais aussi et surtout la hiérarchie.
“Le travail n’est pas uniquement productif, il construit l’individu.“
Le travail n’est pas uniquement productif, il construit l’individu, c’est pour cette raison que la finalité de cette politique serait de mettre en œuvre un plan d’action réduisant les facteurs négatifs au sein du monde du travail. Pour cela, il faut par exemple déployer la coopération entre les acteurs de la collectivité et accentuer la participation à la délibération ainsi que la convivialité.
Le témoignage de ce directeur de la communication au Conseil Général de l’Yonne interviewé par Jean-Dominique Dalloz évoque “une explosion du nombre d’arrêts de travail au sein du Conseil Général” à la suite des restructurations imposées par la politique de décentralisation.
En effet, celles-ci ont fortement impacté les services, c’est pourquoi il a été nécessaire de réapprendre un “vivre ensemble”, de développer un accompagnement des chefs de service ainsi que de mettre en avant la notion de service public des agents. Autant de dimensions plus humaines que financières qui permettent aux agents territoriaux de bien vivre leur travail.
En conclusion, “il est urgent de penser autrement le travail en collectivité territoriale, en portant une attention particulière aux dimensions intimes d’un acte profondément social”
Retrouver l’intégralité de l’analyse en téléchargement gratuit sur le site mon-astuce-antistress.com qui vous propose également de tester votre résistance au stress grâce à des vidéos personnalisables et interactives.
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