REVons vélo !
Les métropoles françaises multiplient les projets de REV, un modèle qui a déjà fait ses preuves dans de multiples métropoles mondiales et notamment nord-européennes. En 2006, ce type d’aménagement de vélos-voies-rapides est promu aux Pays-Bas grâce au projet « Pédalez sans bouchons » lancé par le gouvernement néerlandais. « Le principe de ce projet est simple : créer des liaisons cyclables de grande qualité, plus ou moins parallèles à des (auto)routes saturées afin de séduire les automobilistes et leur donner l’idée de prendre le vélo au lieu de la voiture pour des trajets jusqu’à 15 à 20 km ».
Un contexte porteur
Emblème d’une mobilité active et respectueuse de l’environnement, la pratique du vélo tend à se développer dans l’Hexagone. Bien qu’elle reste encore marginale au niveau national, certains territoires, notamment les grandes métropoles, s’emparent du sujet et ambitionnent un réel développement de ce mode doux. Depuis 2019, la loi Orientation des Mobilités a élargi les domaines d’intervention des autorités organisatrices des mobilités. Ces dernières peuvent désormais proposer des solutions de mobilités innovantes, au-delà des transports publics collectifs classiques, des services de transport à la demande (TAD), de covoiturage, de stationnement, d’autopartage. En 2018, l’État a lancé le Plan « vélo et mobilité active » qui mobilise un Fonds de 350 millions d’euros d’ici à 2024 pour accélérer la réalisation d’aménagements cyclables, développer un nouveau schéma de vélo structurant, bien au-delà de la nécessité de rénover le réseau cyclable existant.
Le REV, un RER cyclable ?
Visant une desserte alliant efficacité et sécurité, les REV sont des pistes à haut niveau de service qui se caractérisent « par la création de voies réservées uniquement aux vélos par une séparation physique effective, une logique d’itinéraire, une identité visuelle, une continuité même aux intersections et une sécurité sur l’ensemble du parcours ».
En complément des maillages cyclables existants et souvent en connexion avec un réseau local, les REV permettent de compléter et d’élargir le réseau cyclable en reliant les communes périphériques au centre des métropoles et les communes entre elles.
Les REV (Réseau Express Vélo) partagent plusieurs similarités avec les Transports en Commun en Site Propre et notamment les réseaux métro et TER. Une comparaison d’autant plus facile à faire que les REV empruntent souvent les codes de représentation des réseaux de transport en commun, comme on peut le constater sur ce plan réalisé par l’agence Spintank pour la Métropole de Lyon.
Réfléchies comme un réseau de transport en commun avec une logique d’itinéraire, les REV répondent aux problématiques de déplacement de longue distance, dans le cadre des trajets domicile-travail par exemple.
Une hausse de la pratique du vélo qui reste à encourager
Les enquêtes annuelles de recensement entre de 2015 et de 2020 montrent que le recours au vélo a progressé de 0,9 point, au détriment de la voiture. Ainsi, la pratique du vélo pour les trajets domicile-travail connaît une véritable expansion. Ce mode de transport est plébiscité par 20% des actifs urbains. Entre 2015 et 2020, le recours à la bicyclette pour se rendre au travail a augmenté de 2 points dans les communes-centres, pour atteindre 6 % début 2020, selon l’Insee.
Une situation qui tend a évoluer positivement. La crise sanitaire que nous traversons actuellement a ainsi mis en exergue la nécessité de concilier la responsabilité sanitaire et écologique en matière de mobilité. Les stigmates des confinements ont impacté les choix concernant nos déplacements et se constate actuellement dans les rues. Le nombre de cycliste a augmenté et les pistes cyclables éphémères, les « coronapistes » qui ont émergé partout sur le territoire à partir de mai-juin 2020 ont donné des envies d’aménagements plus durables, plus sécuritaires, mais également mieux pensés en intégrant la question du partage des voies et de l’espace public entre les modes.
Des réseaux à concerter
Les associations de cyclistes sont nombreuses à pousser les pouvoirs publics à agir plus activement en faveur de la mise en place des REV. Nombreuses sont les parties prenantes à rappeler que là où il faut plusieurs années pour mettre en place une nouvelle ligne de tram ou de BHNS, un REV peut quant à lui être mis en place en 18 à 36 mois.
Si ces aménagements peuvent être rapidement mis en place, ils ne sont toutefois pas fait sans étude ni concertation. Un temps qui peut être long car il est alors primordial d’associer à la discussion différentes parties prenantes. Parmi elles, les élus des collectivités concernées bien sûr, les usagers experts (issus des associations ou pratiquant le vélo au quotidien) ainsi que le grand public au titre de l’information certes, mais également d’un premier travail de valorisation et de pédagogie autour du projet. Car si les REV permettent de conforter les cyclistes dans leur pratique quotidienne et leur offrir des meilleures conditions d’usage, elles visent également à installer les mobilités douces comme une réelle alternative, notamment face à la voiture et l’autosolisme. Les concertations permettent ainsi d’informer et de co-construire un projet en prenant en compte les freins d’une partie des publics-cibles, et de tenter d’y répondre.
Des enjeux forts en matière de communication pour participer au succès des projets
La communication est un pilier essentiel pour accompagner la compréhension des REV et faire adopter de nouveaux usages. Nous avons identifié quatre enjeux majeurs à relever pour les acteurs pilotant ce type de projet :
- Un enjeu de notoriété et d’image: il s’agit de valoriser le REV en tant que véritable service de mobilité en installant une marque qui incarne une nouvelle vision des déplacements à vélo. Il est à cet égard primordial de faire exister et donner de la visibilité au REV en créant une identité prégnante dont la signalétique qui constitue un vecteur majeur en termes d’impact à l’échelle métropolitaine.
- de cohérence en pensant la communication sur le projet en cohérence avec les différents discours portant sur la mobilité déployés sur le territoire.
- d’adhésion pour promouvoir le REV au-delà des aficionados du vélo, pour toucher un large public, plus ou moins éloigné de la pratique du vélo.
- de réassurance visant à rassurer les usagers potentiels, en s’appuyant sur les atouts du REV pour lever leurs craintes et les aider à se projeter dans la pratique quotidienne du vélo.
Ces enjeux sont bien sûr à corréler avec une analyse plus fine des territoires d’implantation des REV en prenant en compte, dans les dispositifs de communication proposés, les enjeux et les défis propres à chacun des territoires et de leurs cibles.
Le saviez-vous ?
Le blog « Isabelle et le vélo » nous apprend que le mot REV (réseau/route express vélo) a été créé par le trio, Hans Kremers, Jean-Luc Saladin et Isabelle Lesens en 2010. Première occurrence publique : 8 octobre 2010, dans le blog Isabelle et le vélo. Par ailleurs certains utilisent plutôt le terme REVE pour Réseau Express Vélo, mais à tort. Hans Kremers a lui-même proposé d’utiliser REV pour Réseau ou Route Express Vélo et de garder REVE pour un nouvel aménagement qui émerge : le Réseau Express Vélo Electrique.
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