Quels signaux nous lance le numérique en 2014 ?
Il avait enthousiasmé son auditoire au carrefour numérique du Forum Cap Com de Montpellier, en 2012. Antoine Chotard, responsable de la veille et de la prospective à l’AEC, a tenu le 5 mai dernier à Bordeaux sa conférence annuelle sur les signaux numériques. Eclairant, étonnant, étourdissant, inquiétant ? C’est selon…
Dans un domaine où tout va toujours plus vite, quelques chiffres, prédictions et sentences :
65% des écoliers d’aujourd’hui exerceront un métier qui n’existe pas aujourd’hui (Ministère du travail des Etats Unis). 47% de métiers du tertiaire vont disparaître d’ici 20 ans, du fait des réseaux, des algorythmes et de la robotisation (Oxford University). D’ici 2020, 50% du trafic internet proviendra des objets connectés. Selon Opinion Lab, 8 personnes sur 10 ne veulent pas que les magasins suivent leurs mouvements via smartphone. Mais 6 sur 10 accepteraient d’être pistées en échanges de promotions et réductions…
De nouvelles addictions en perspective
Nos métadonnées vont devenir plus importantes et déterminantes que nos empreintes digitales. Antoine Chotard le clame haut et fort : nous assistons à une “évapotranspiration des datas de nos pratiques réelles”. Le fameux big data. Nous connaître plus intimement, pour nous proposer des services ou des biens de plus en plus individualisés, qui correspondent à nos besoins réels ou imaginaires. Le paradis en perspective pour les professionnels du marketing.
Après le smartphone, véritable doudou numérique, nous devinons les nouvelles addictions à venir : le quantified self, l’être humain hyper connecté, jusque dans les parties les plus intimes de son corps, voir de son cerveau, qui mesure et analyse ce qui peut l’être.
Ne va t-il pas devenir de plus en plus dépendant de ces algorithmes toujours plus perfectionnés qui lui révéleront chaque seconde son état de santé en cours et à venir, ce qu’il est bon pour lui de manger, de ne pas manger, de consommer, où et quand, à tout moment… Le service mobile Google Now en est déjà le prémisse. Apple y travaille sérieusement. D’ailleurs, vous qui avez votre smartphone en main en lisant cette chronique, comment réagiriez vous si on vous l’enlevait ne serait-ce qu’une journée ?
Des pans entiers de l’économie transformés
Parmi les autres tendances notables exposées, les transformations en cours de plusieurs secteurs économiques, grâce ou à cause – selon le point de vue – du crowdsourcing. Les services enrichis par la contribution de tous : Waze, le GPS collaboratif, Aibnb, la plateforme de location de logements entre particuliers, Uber, l’application de recherche de chauffeurs privés, qui menace sérieusement la profession des chauffeurs de taxis. Le directeur d’Uber déclare : “nous ne fixons pas le prix. Le marché fixe le prix. Mais nous possédons les algorythmes pour déterminer ce qu’est le marché”. Il a tout compris. Et Uber annonce très certainement plein d’autres services du même acabit.
Le service public sera-t-il également concurrencé par des services directement conçus et rendus par des particuliers ? Certains le craignent avec l’open data, les données publiques mises à disposition de tous, gratuitement. Mais c’est aussi l’opportunité aussi de rendre un meilleur service public grâce à l’intelligence collective.
Qu’est ce que cela présage pour la communication publique ? Nous allons pouvoir – nous commençons déjà à le faire – récolter de plus en plus d’informations précises sur chaque individu qui peuple notre territoire, pour, dans le meilleur des cas, lui proposer de nouveaux services plus innovants, plus rapides, plus personnalisés.
Trouver et donner du sens
Derrière ce flot, ce trop plein d’innovations qui semble nous entraîner dans une spirale du toujours plus vite, toujours plus connecté, se pose tout de même la question du sens que nous donnons à tout cela.
Alors il convient de ne pas être simplement un spectateur passif. Prenons le temps de réfléchir, analyser, proposer et d’éclairer nos collègues et nos élus sur ces enjeux. Trouver et donner du sens à ces bouleversements. Parce que si les plus âgés montraient quelque inquiétude à l’issue de la conférence d’Antoine Chotard, les plus jeunes semblaient enthousiastes.
Éteignez vos écrans et reprenez une activité normale.
Pour aller plus loin : Présentation des signaux numériques sur Slideshare
Source de l’illustration : Instagram Star Wars
[post-views]