Pour Facebook, ton actu tu rédigeras !
Ça donne froid dans le dos ! Deux articles parus récemment sur le site meta-media.fr ont attiré mon attention. Il y a peu se tenait la 15e conférence annuelle du journalisme en ligne, à Chicago. Nos amis de la presse américaine ont annoncé quelques tendances à venir concernant le traitement de l’information. Accrochez-vous.
Pour résumer, car il faut faire vite et court pour être lu : partant du constat chiffré que les médias d’informations sont de plus en plus consultés sur mobile et sur Facebook en particulier, l’actualité se doit d’être formatée pour ces appareils et pour ce réseau social. Donc, des formats de plus en plus courts, laissant une large place aux visuels. Et si en plus l’information est légère et ludique, c’est le jackpot.
L’information réduite à son strict minimum, dans un packaging vendeur. Le journaliste Thierry Gadault, lors d’un colloque sur “Numéricratie : nouvelle démocratie ?” le 3 octobre dernier, dénonçait même “l’information [qui] doit être un plaisir pour être consommée (…) L’important est le nombre de clics qui générera des recettes publicitaires”.
Après l’information vidée de sa substance journalistique, une autre tendance est annoncée : la publication automatisée grâce à des algorythmes, d’informations contextualisées et personnalisées, en fonction de l’appareil utilisé, et de votre activité. Par exemple : selon que vous consulterez une actualité sur une tablette assis dans votre canapé, sur votre mobile dans le train ou sur votre montre connectée en footing – vous consultez votre mobile en courant vous ? – vous ne lirez pas le même contenu, selon votre vitesse de déplacement et donc votre capacité d’attention et de lecture. Vertigineux.
Stratégie éditoriale ou rationalisation économique
Ici se dessine une nouvelle forme de journalisme, qui tente de survivre à la révolution numérique en marche, et qui semble peut-être oublier l’essentiel : l’information elle-même, au profit du support de consultation. Oui, mais quel rapport avec la communication publique me demanderez-vous ?
Restrictions de budgets, réorganisation des services com, projets de mutualisation ou de fusion des équipes web et rédactions papier… Cela vous parle en ces débuts de mandats ?
Difficile de ne pas penser aux annonces régulières et récurrentes de réductions de personnels et de fusions des rédactions web et papier dans la presse quotidienne nationale. Réelle stratégie éditoriale ou simple rationalisation économique ?
La question se pose donc aussi pour nous communicants publics. Quelles évolutions pour l’information que nous diffusons dans un contexte de plus en plus contraint, qu’elle soit dans le magazine, le site web ou les réseaux sociaux ?
L’actualité occupe souvent une place importante sur nos sites web, principalement en page d’accueil, vitrine du dynamisme de notre collectivité, de notre territoire. Preuve aussi que le site web est animé et régulièrement mis à jour.
Se raccrocher à la bouée du numérique pour survivre
Mais de fait, les internautes, habitants, usagers ne considèrent pas forcément le site de la collectivité comme un site d’informations exhaustif, rôle davantage tenu par la PQR, qui tend d’ailleurs aussi à se raccrocher à la bouée du numérique pour survivre.
Vérifiez vos statistiques de connexions : les actualités arrivent rarement en tête des pages les plus visitées de votre site. Vos administrés internautes ont plutôt tendance à venir y chercher du service pratique. Alors, avons-nous raison de continuer à consacrer autant d’énergie à publier des actualités finalement peu lues ?
Cela nous interroge sur le traitement de nos informations en ligne et leur mode de diffusion. Faut-il s’adapter à une forme plus attractive et plus légère pour inciter à davantage cliquer sur “lire la suite” ? Finalement ne sommes-nous pas confrontés aux mêmes interrogations que la presse professionnelle : comment informer et intéresser un lecteur volatile et pressé ? Alors, êtes-vous prêts pour la rédaction du compte-rendu du budget, formaté pour le mobile, reformaté pour Facebook ?
Sources :
www.meta-media.fr/2014/09/26mobiles-et-reseaux-sociaux-ont-pris-les-cles-de-linfo.html
www.meta-media.fr/2014/09/28/journalisme-web-10-tendances-pour-2015.html
http://www.aqui.fr/societes/colloque-aqui-fr-numericratie-une-nouvelle-democratie,10897.html
Illustration : d’après l’encylopédie Tout l’univers, 1961.
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Facebook est devenu un outil de communication puissant utilisé par les entreprises comme par les collectivités. Adapter le style rédactionnel sur ce support est essentiel, mais il faut aussi bien choisir les sujets qui paraitront sur les médias sociaux.
Bonjour.
Vous avez tout à fait raison. On n’écrit pas sur Facebook, comme on rédige pour Twitter, un blog, un site ou un journal. Mon article vise surtout à attirer l’attention sur le fait que le médium semble avoir de plus en plus une influence sur le fond même des sujets traités. Une menace potentielle pour la qualité du journalisme (qui concerne peut-être davantage la presse que la communication publique).