Point comme un
Entre refus d’autorité et crise de confiance, la brouille semble totale entre les jeunes et les politiques. Comment les rapprocher ?
D’un côté, 70% d’abstention aux dernières municipales chez les 18-25 ans et des millions de voix contestataires dans les rues. De l’autre, un investissement associatif ou militant. Derrière ces apparences contra-dictoires, Anne Muxel1 explique que les jeunes s’investissent essentiellement « autour de questions qui les touchent au quotidien et auxquelles ils ont des réponses à apporter ». L’échelle locale est donc le cadre le plus susceptible de les mobiliser.
Du local sinon rien
Certains territoires l’ont déjà compris et regorgent d’initiatives. Ainsi, le département de la Seine-Saint-Denis organise une fois par mois les « Mardi des 93 », qui permettent aux jeunes du Département de débattre et d’échanger sur des problématiques qui leur sont propres, par exemple les relations garçons-filles. Plus institutionnel, le « Conseil des Jeunes de Strasbourg » émet des propositions et les soumet aux élus lors de séances plénières. Concrètement, ces échanges ont permis d’installer un éclairage public sur le terrain multisports de la cité Westhoffen, de réaliser un film sur la sécurité routière ou encore de diffuser aux collégiens une plaquette sur les premières amours et le sida. Le Val d’Oise, quant à lui, soutient les initiatives des jeunes en organisant le concours « entraide humanitaire et solidarité jeunes en Val d’Oise ». Il propose aux 16-25 ans d’élaborer des projets liés aux droits de l’Homme, en France ou à l’étranger, et dote les meilleurs d’entre eux de 6000 à 8000 euros. Seule condition : qu’ils soient montés en lien avec des associations du Département.
Cette dynamique d’écoute et d’association sur des actions ciblées permet aux élus et aux jeunes de partager des préoccupations et un langage communs. C’est de ces bases que peut naître leur réconciliation.
1 Sociologue au CEVIPOF et auteur de « L’expérience
politique des jeunes ».