La fin des corps intermédiaires nécessaire à la participation citoyenne ?
L’air de rien, une petite révolution se joue actuellement sur le pavé parisien et dans les rues de France. Pas celle contre la loi Travail, non, mais une bien plus subtile sur la participation des citoyens. Derrière ce que nombre d’observateurs appellent “le baroud d’honneur de la CGT” et plus globalement derrière la motivation des différents syndicats et corps intermédiaires à se poser en représentants de catégories socio-professionnelles (rôle jusqu’alors approuvé par tous) se joue l’avenir de la participation citoyenne.
En bonne vigie qu’ils sont des mouvements du terrain, ces corps constitués ont bien compris qu’à leur tour ils pourraient se faire Uberiser, que le monde numérique protéiforme regorgeait de formes participatives directes, certes plus ou moins embryonnaires et efficaces mais redoutables pour eux à moyen terme. Une voix qui s’exprime sur Twitter (ou ailleurs) c’est une voix en moins dans la rue (marcher c’est fatigant et manifester c’est devenu risqué pour la santé physique) et c’est donc une voix en moins aux prochaines élections professionnelles.
Si le monde de la participation et du débat (au sens large) peine à se structurer formellement (certes il existe la CNDP mais elle ne ne peut se saisir de tous les sujets sociétaux) il pointe très largement le bout de son nez et diverses initiatives citoyennes ou institutionnelles (non manipulatoires) démontrent généralement à une échelle locale que la chose publique n’est pas boudée par les Français, contrairement à la chose politique.
Alors une disparition annoncée de ces corps intermédiaires qui captent le débat au risque de se déconnecter de ceux qu’ils sont censés représenter (la gestion de la question de Notre-Dame-des-Landes par le Parti Communiste au niveau national – défavorable au projet – et au niveau local – favorable au projet – en est un exemple d’actualité) est-elle un mal ? Les outils à notre disposition font que désormais chaque citoyen peut s’adresser directement aux porteurs d’un projet et échanger avec eux, argumenter, prouver, faire-part de son expertise du terrain. Une dimension à intégrer dans la gestion de tout projet car particulièrement dévoreuse d’énergie et de temps si elle n’est pas cadrée. La participation si elle est devenue incontournable ne doit pas pour autant à son tour gripper les processus de réalisation comme avant eux des corps ne défendant rien d’autre que leur propre pré carré.
Au-delà de ces corps intermédiaires c’est aussi le corps institutionnel tout entier qui doit se réformer pour être en capacité d’analyser une quantité exponentielle d’informations lui parvenant. Recueillir des avis c’est bien, en faire quelque chose c’est encore mieux.
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