[Déconfinement] Quel visage pour la ville d’après ?
Avec le déconfinement, un mouvement important s’est développé rapidement dans plusieurs grandes villes de l’hexagone afin d’ouvrir un certain nombre de boulevards et voiries, permettant aux mobilités douces de devenir le transport prioritaire. Pour compléter cela, nos villes ont décidé de repenser leur plan urbanistique, tout en insufflant elles aussi le fait de privilégier autant que possible le travail à distance et l’achat de proximité. Tour d’horizon de ces nouvelles mesures urbanistiques post-confinement.
Pensons tactique
Il y a quelques semaines, c’est d’abord la ville de Milan qui s’est faite remarquer par le lancement de son plan de mobilité verte, voulant répondre à court terme à la crise du Covid-19 mais aussi avec la volonté à plus long terme de lutter contre la pollution et la congestion de son centre-ville.
A l’instar de la capitale lombardienne, nos villes françaises ont choisi de repenser leur modèle urbain au profit de ce que leurs élus appellent l’urbanisme « tactique ».
Derrière ce terme qui, de prime abord, peut paraître pompeux et réservé aux initiés, se cache la volonté de repenser l’espace urbain rapidement (non pas sur du long terme comme c’est le cas traditionnellement). Des structures donc éphémères qui vont durer tout au plus quelques mois seront mises en place. Face à la période actuelle, le défi de nos villes va être de favoriser les déplacements à vélo lors des phases de déconfinement. Le but étant d’éviter de surcharger les transports en commun et limiter une possible nouvelle propagation du Covid-19. Ainsi, les métropoles ont prévu de repenser en priorité la mobilité avec par exemple des pistes cyclables temporaires à bas coût, des trottoirs élargis, des limitations de vitesse de 30 km/h et des routes prioritaires pour les piétons et les cyclistes. Toutes les mesures sont prises pour permettre la distanciation physique, mais surtout éviter un retour massif des voitures après la levée du confinement et la saturation des transports en commun.
Les collectivités ont anticipé cette nouvelle phase. Montpellier a été en France pionnière en la matière. Son maire Philippe Saurel a annoncé le 13 avril son intention de mettre en place des aménagements temporaires pour le vélo. Le lendemain, la Ville de Paris, par la voix de son maire-adjoint aux transports et à l’espace public Christophe Najdovski, dévoilait une stratégie similaire pour la capitale. Au total, une quinzaine de collectivités se sont désormais engagées dans cette voie, parmi lesquelles Grenoble, Rennes, Lyon, Montreuil, Lille ou encore la Région Île-de-France.
Et le chrono-urbanisme dans tout ça ?
Le planning de l’urbanisme est longtemps resté concentré sur l’année, voire la décennie du projet urbain. De ce fait, les temps du quotidien ont été négligé et l’on a oublié de s’en saisir pleinement comme outils de transformation durable de la ville.
Ainsi, en complément de l’urbanisme temporaire, nos métropoles souhaitent ressortir un concept vieux de 40 ans. Le chrono-urbanisme, une réflexion autour des temporalités de l’urbanisme. L’idée est simple. Il va s’agir de tenter de moduler les temporalités de la ville, de manière à décongestionner les pics de charge dans les transports en commun ou routiers. Plus concrètement, les entreprises devront établir un glissement de leurs horaires d’ouverture et de fermeture pour accueillir leurs salariés. Ainsi, certaines vont demander à leurs salariés d’arriver à 8h30 le matin quand d’autres vont leur demander d’arriver à 9h15, etc. Des mesures qui vont de pair avec le télétravail. Ainsi, les mobilités professionnelles deviennent une voie non négligeable pour contrer le Covid-19.
N’oublions pas les piétons
Le débat sur les aménagements mis en place pour le déconfinement s’est focalisé sur la pratique du vélo, mais il ne doit pas éclipser celui qui est généralement le grand oublié des politiques de mobilité : le piéton.
Avec les règles de distanciation, nous avons dû tous veiller à nous déplacer dans un rayon d’un kilomètre autour de nous mais aussi à s’espacer les uns des autres, faisant des trottoirs de minuscules espaces. Ceci étant d’autant plus vrai lorsque dans le cadre des règles de confinement, le trottoir est devenu la salle d’attente des magasins, bars, restaurants et autres supermarchés dans nos villes.
Le commerce local ayant déjà beaucoup souffert pendant le confinement, il devient essentiel maintenant de redonner confiance aux consommateurs et de les inciter à acheter dans le petit commerce à proximité de chez eux (plutôt que via le commerce en ligne…). Cela signifie qu’il faudrait « élargir » le trottoir devant les entrées de magasins en neutralisant quelques places de stationnement.
Il est devenu nécessaire que les villes adoptent des mesures spécifiques aux piétons durant cette phase progressive de déconfinement.
Repenser la ville pour faire face à l’épidémie ne passe donc pas que par l’usage des mobilités douces, mais aussi par le fait de réinventer tout un mode de vie citadin avec une chance jamais connue durant les décennies précédentes : celle de pouvoir travailler à distance pour la plupart des professions du secteur tertiaire, tout en redonnant le pouvoir à l’achat de proximité. Comme un retour aux sources.
https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-coronavirus-tous-a-la-campagne-1193182
https://www.midilibre.fr/2020/04/15/velocite-propose-au-maire-un-urbanisme-tactique,8846892.php
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