Communiquer pour l’attractivité du territoire – Episode 1

Voici le deuxième article d’une série publiée aux éditions Weka pour comprendre le marketing territorial.

Le contexte  

Confrontés à un environnement de plus en plus concurrentiel, les territoires de toute taille (quartier, ville, intercommunalité, département, région, pays…) s’attachent à favoriser le maintien et l’évolution in situ des acteurs déjà présents (développement endogène), comme à attirer, de façon exogène, de nouveaux hommes et capitaux.

La fiche « initiation au marketing territorial », partant de ce constat, met en évidence la démarche à suivre pour élaborer une politique de marketing territorial adaptée.

Cette fiche s’intéresse plus précisément à la dimension attractivité et donc à la communication extra-territoriale : quelle stratégie déployer pour attirer des entrepreneurs, des touristes, des habitants, des étudiants ?

 Il est important de souligner ici que la communication, constituant l’une des composantes du marketing-mix, n’agit efficacement que si les autres composantes (offre de produits/services, conditions financières d’accès et mode de mise sur le marché) sont satisfaisantes : aussi réussie soit-elle, la communication ne peut pas tout !

En pratique 

Pour mener à bien tout projet de communication, il est important d’élaborer la stratégie avant de penser aux outils de communication. Or, force est de constater dans la pratique que nombre de plans d’actions sont développés, ici et là, sans réflexion stratégique préalable, de par la force de l’habitude, l’effet de mode ou la simple intuition, pertinente ou non….

Poser le diagnostic, identifier la problématique de communication, définir les objectifs à atteindre, élaborer différents scénarios pour choisir le plus efficient, construire le plan d’actions, évaluer les résultats et piloter la stratégie… tel est le schéma à respecter pour s’assurer du meilleur retour sur investissement en communication.

Première étape : comprendre la situation

Avant d’élaborer sa stratégie de communication, le territoire se doit de réaliser un « état des lieux » portant sur ses forces et faiblesses, ainsi que sur les menaces et opportunités liées à son environnement et son évolution (voir la fiche « initiation au marketing territorial », qui détaille cette étape .

Seront ici abordées les questions de légitimité (le territoire fait-il sens auprès des publics visés ? ce qui n’est pas forcément le cas des territoires définis par leurs seules frontières administratives… il faut alors raisonner « à bonne échelle »), de champs d’attractivité (doit-on raisonner, simultanément et à même échelle, l’attractivité de façon globale ou champ par champ : tourisme, économie, résidentiel… ?), de pilotage de la démarche d’attractivité (quelle structure ? ou, si plusieurs opérateurs, quelle concertation stratégique et répartition des rôles opérationnels ?)

La cartographie des publics est ici essentielle à prendre en compte. Il s’agit de recenser ceux-ci, les caractériser au plan qualitatif comme quantitatif, comprendre leurs attentes et leurs critères de choix, analyser leurs interactions… car ces différentes parties prenantes, intra et extra-territoriales, seront les publics-cibles-acteurs des actions de communication. Il est alors important de prendre en compte leur complexité…

Par exemple,

– on attachera une importance toute particulière aux acteurs présents sur le territoire, ou attachés à celui-ci (« diaspora ») : autant de publics à fidéliser, et à considérer comme relais d’information et prescripteurs

– on analysera l’ensemble des parties entrant dans le processus de décision d’une visite ou d’une implantation : leaders et relais d’opinion, structures publiques et professionnels du privé, jusqu’aux co-acteurs de la décision …

– sur le plan de l’attractivité résidentielle, on pensera habitants et habitants potentiels, en ne visant pas seulement les actifs : les seniors, générant de la consommation locale et des emplois de services, sont favorables à l’économie résidentielle…

– côté attractivité économique, on pensera entreprises et jeunes entrepreneurs : les porteurs de projet, et leurs besoins de parcours résidentiel (espaces de co-working, incubateur, pépinière…)

– côté tourisme, seront pris en compte les cibles loisirs et affaires : de la simple excursion au séjour prolongé, le tourisme constitue un moteur de notoriété et d’image pour les destinations, aux impacts indirects sur l’attractivité globale des territoires

– etc.

Une fois le diagnostic établi, on s’intéressera à la problématique de communication, c’est-à-dire le rôle que doit jouer la politique de communication, sur la période à venir (sur un mandat ? ou au delà ? il est bon de se rappeler que la réputation d’un territoire se construit dans le temps et avec le temps…)

Deuxième étape : identifier la problématique de communication

 Il s’agit ici d’identifier la question principale à laquelle devra répondre la stratégie, « le chemin à parcourir » entre la situation actuelle de communication observée au cours du diagnostic, et la situation à atteindre (celle qui favorisera l’accomplissement du projet de territoire). Par exemple, sortir de l’anonymat, faire connaître le territoire à tel ou tel public-cible, le faire localiser, le doter d’une image attractive, le révéler comme d’intérêt touristique ou économique, faire valoir ses arguments, corriger des idées-fausses à son sujet, faire changer le regard porté sur le territoire et donc le re-positionner dans l’esprit des publics, inciter telle ou telle cible à venir le découvrir…

 Sur quoi joue la communication ?

Tout d’abord, la notoriété.

Pour se développer, un territoire doit être connu. Les territoires bénéficiant d’une bonne notoriété spontanée (présence à l’esprit) sont favorisés, par rapport à ceux connus, mais moins présents à l’esprit (on parle ici de notoriété assistée). Enfin, les territoires non repérés n’ont aucune chance d’être choisis comme destination !

Par exemple, la problématique de certaines destinations touristiques est tout simplement de se faire identifier, au sein d’une offre surabondante. À ce sujet, il est parfois plus judicieux de s’ancrer à un territoire connu, pour bénéficier de sa notoriété : exemple, Chalons sur Marne devenu Chalons en Champagne. Ou encore, Paris Region, marque d’attractivité de l’Ile de France, qui capitalise sur le nom de Paris…

Puis l’image.

Il ne suffit pas d’être connu… encore faut-il être désirable. Et pour cela, le territoire doit soigner son image, c’est-à-dire la représentation que les publics s’en font.

Nombre de territoires sont connus de nom, mais souffrent d’une image floue. D’autres sont pénalisés par une mauvaise réputation. Il est intéressant d’en identifier les causes et d’analyser les points sur lesquels il est possible d’agir.

Par exemple, les Côtes du Nord qui – souffrant d’un a priori négatif en matière de météo – ont obtenu de se dénommer Côtes d’Armor. Autre exemple, le cas de la ville de Saint-Dizier souvent confondue avec Saint-Dié ; sa réputation se limite souvent aux événements, largement médiatisés, ayant secoué ses « quartiers » il y a quelques années. Sa problématique consiste à accroître sa notoriété et requalifier son image, en s’appuyant sur le nouveau projet urbain.

Enfin, l’incitation

Beaucoup de territoires sont connus et bénéficient d’une bonne image. Pour autant, ils peinent à attirer des visiteurs, des entrepreneurs, des habitants, des investisseurs… On ne peut alors parler que de succès d’estime : la communication aura pour enjeu d’inciter les prospects à passer à l’action : faire venir, faire essayer.

Par exemple, l’Auvergne mène régulièrement des actions promotionnelles, pour inciter les actifs à s’installer dans la région… Dans le cadre de sa démarche Auvergne Nouveau Monde, elle a notamment proposé un « new deal » aux nouveaux arrivants : payer leur loyer pendant leur période d’essai. De quoi faire passer les prospects à l’action… et créer le buzz par la même occasion.

Troisième étape : les objectifs stratégiques

 L’étape 2 a permis de définir le rôle à jouer par la politique de communication. L’étape 3 consiste à en préciser les objectifs, c’est-à-dire les résultats attendus.

On prendra soin d’assortir les objectifs d’indicateurs de réussite, mesurables, qui permettront d’évaluer les résultats de la communication, après la mise en œuvre de la stratégie : remplit-on le « contrat d’objectifs » ou s’en rapproche-t-on ? (Et sinon, comment orienter la communication pour y arriver ?)

On veillera également à bien prendre en compte l’ensemble des publics : à l’interne (institution) et en intra-territorial (résidents et autres acteurs), auprès des « clients et prospects », auprès de l’environnement (influenceurs), exemple les professionnels, les partenaires, les élus, les journalistes…

 

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Aller plus loin

  • Bibliographie

 

Gollain Vincent, Réussir sa démarche de marketing territorial, éditions Territorial

Libaert Thierry, Le plan de communication, éditions Dunod

Giuily Eric, La stratégie de communication, éditions PUF

 

  • Blog

marketing-territorial.org

Pour en savoir plus, contact@sennse.fr

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Marc Marynower

Marc Marynower est dirigeant de MMAP, agence conseil en stratégie de marketing territorial et communication d’attractivité, agence qu’il a fondée il y a vingt-cinq ans, après dix années passées à Paris puis à Lyon, chez Publicis. Par ailleurs, Il est maitre de conférences associé en stratégies de communication internationale (université de Bourgogne), intervenant dans la Chaire « Attractivité et nouveau marketing territorial » de l’Institut de Management Public et de gouvernance territoriale (université d’Aix Marseille) et animateur de séminaires de formation continue en marketing territorial pour Territorial/Groupe Le Moniteur. et lSCET Formation.

2 pensées sur “Communiquer pour l’attractivité du territoire – Episode 1

  • 23 mai 2018 à 15 h 07 min
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    Beaucoup de collectivités territoriales se lancent dans des plans d’action sans avoir au préalable défini une stratégie, en conséquence les actions donnent une image floue et peu flatteuse du territoire. En tant que chargé de promotion du territoire au sein d’une collectivité territoriale, lorsqu’il a fallu décider de mettre en place une stratégie d’attractivité économique nous avons réalisé une étude pour voir quels positionnements seraient les plus porteurs en fonction de nos besoins et des positionnements des régions alentours. La seule chose que vous n’abordez pas dans votre article concerne les outils de communication et leurs utilisations. Personnellement, nous avons choisi d’avoir une carte interactive sur notre site web où nous représentons les principaux centres d’intérêt et les acteurs locaux de notre territoire afin d’attirer des entreprises. Si cela vous intéresse, voici leur offre: https://smart-origin.com/cities

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  • 23 mai 2018 à 15 h 13 min
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    Très bon article, vous mettez bien en avant les fondements même d’une stratégie de marketing territorial. Pour compléter à ce sujet, pour communiquer auprès de cela, il existe plusieurs supports de communication, certains plus originaux que d’autres. A titre personnel, j’utilise une carte interactive incorporée au site web de notre collectivité locale pour assurer la promotion du territoire. Cela ne constitue pas la totalité de la démarche marketing mais elle est importante : la concurrence devient rude, et les collectivités qui ne présentent leurs informations clairement seront purement et simplement pénalisées. À l’ère de la digitalisation, le public s’attend à trouver l’information facilement et de manière dynamique, sinon c’est que l’information n’est pas pertinente ou fiable. La carte interactive permet de visualiser tous les points d’intérêt d’un territoire en coup d’oeil : en cela, elle est une synthèse et un relais de l’information. Si cela vous intéresse, voici la solution que j’utilise : https://smart-origin.com/cities

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