Le BHNS en rade à Toulon
Après les autoroutes et les lignes à grande vitesse, les transports en commun sont la cible de viriles charges menées par les associations ou les riverains. Qu’elles soient à portée politique (inavouée) ou sincèrement tournées vers des préoccupations citoyennes, les formes de la discussion/contestation n’en sont pas moins violentes pour les certitudes installées.
Récemment, les élus de la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée viennent d’apprendre à leurs dépends qu’on ne peut proposer un projet, le changer en cours de route dans le secret des bureaux qu’ils soient d’études ou municipaux. Un Tribunal administratif vient ainsi d’annuler trois décisions de la Communauté d’agglomération au motif qu’une DUP sur une ligne de tramway n’est pas une DUP sur un BHNS.
Si la construction de lignes de tramways et de bus à haut niveau de service transforment les villes, elles impliquent bien souvent des changements importants des habitudes, des comportements et parfois même… du paysage urbain. Pour autant certains projets avancent voire se réalisent. Nulle magie, nulle fortune derrière ces succès mais plutôt une méthodologie respectueuse de l’ensemble des parties prenantes et un mot d’ordre quasi sacralisé : la concertation !
A Toulon, au-delà de la procédure réglementaire, le tribunal administratif a semble-t-il sanctionné l’inadaptation d’un processus concertatif et l’insuffisance de l’information du public. Car concerter sur un transport en commun en site propre ne se confond pas avec une concertation sur un mode de transport, par exemple. Et définir un tracé après enquête publique, n’autorise pas à en modifier certaines caractéristiques pour l’adapter à de nouvelles exigences…
Si j’avais deux conseils à formuler aux élus de la Communauté d’Agglomération Toulon Provence Méditerranée, je leur dirais : faites preuve de pédagogie et gardez la maîtrise du temps. Faire preuve de pédagogie, c’est affirmer les qualités et les éventuels défauts d’un projet, c’est l’élaborer avec suffisamment de rigueur et de sérieux pour le soumettre sereinement à la critique du public, c’est avoir confiance dans une procédure maîtrisée et comprise. Garder la maîtrise du temps, c’est éviter d’aller trop vite, de bâcler le travail d’explication et de sensibilisation, c’est brûler les étapes et, finalement, recommencer depuis le début. Bref, perdre du temps et comme le relève Hubert Falco, maire de Toulon et président de la Communauté d’agglomération « pénaliser nos concitoyens ».
Olivier Genevois
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