4 bonnes raisons de ne pas faire de vélo à Paris

Les vraies limites à l’utilisation du vélo sont celles qui génèrent des objections subjectives. Elles sont difficilement traitables par une politique globale de favorisation de ce mode de déplacement et pourtant ce sont les leviers majeurs sur lesquels il faut agir. J’en dénombre 4 : la météorologie, la sécurité du déplacement, le dénivelé du parcours, le stationnement du vélo.

La météo

Qui s’est déjà essayé à rouler en vélo sous la pluie sait de quoi je parle. C’est tout simplement une horreur ! Arriver à destination trempé, les chaussures en berne, et le rester toute la journée n’est pas du plus grand confort. Surtout dans le cas d’un déplacement domicile-travail. La prise de décision d’utiliser ou non le vélo se fait en temps réel, en fonction des conditions météo. Pas grand-chose à faire pour le pouvoir politique, on demeure ici sur une variable totalement ingérable. A noter qu’elle comporte tout de même une dimension culturelle forte : le Danemark, pays froid et pluvieux en hiver connait de nombreux déplacements en vélo.

La sécurité

Même pour un cycliste aguerri, un déplacement en ville comporte toujours une part de risque. Et dans ce cas le risque c’est souvent l’autre, c’est-à-dire l’automobiliste, le scooter, le bus. En tant que cycliste parisien j’ai pu constater depuis de nombreuses années que les conducteurs de bus (RATP et autre sociétés) sont particulièrement attentifs voire prévenants à l’égard de ceux avec qui ils partagent des couloirs de circulation. Si à son tour le cycliste ne prend pas de risque saugrenu, la cohabitation est sécure. Il n’en n’est rien avec le taxi, véritable prédateur de ces voies partagées ! Le taxi est un danger permanent pour le cycliste : il conduit en cabotage, ses portes s’ouvrent à la volée sans vérification, il stationne ou bon lui semble, il circule vite, frôle, invective. Une caricature ? Malheureusement non.

Depuis la tombée en désuétude de l’usage du clignotant par l’automobiliste parisien, il est devenu lui aussi une source de danger pour le cycliste. Et le rétroviseur suivant le même chemin, le vélo n’a pas de beaux jours devant lui si rien n’est fait en matière d’éducation (la sanction étant plus que complexe à mettre en place dans ce cas). On est ici sur un champs de compétence appartenant à la puissance publique. Idem pour ce qui est des camions et de leur angle mort qui porte trop bien son nom. A noter que d’une manière globale le cycliste a lui aussi grand besoin d’éducation à la circulation. A quand un permis de conduire vélocypédique ?

Le dénivelé

Qui n’a jamais emprunté la rue Lepic ne connait pas les montées parisiennes. Contrairement à ce qu’il peut sembler au motorisé, Paris n’est pas une ville plate. Chaque arrondissement comporte son faux plat, sa petite côte ou son Tourmalet ! La participation au financement de l’achat d’un vélo électrique mise en place par la Mairie de Paris était un début de réponse. Mais il n’y a pas que des intra-muros qui circulent à vélo dans Paris… Existe-t-il d’autres solutions à la gestion du dénivelé, tels que des remonte-pentes pour vélo ?

Le stationnement

Si garer son vélo n’est déjà pas simple, le faire en toute sécurité relève de la gageure. Le déploiement de solutions de parcage telles que Véligo est intéressant mais trop confidentiel pour le moment. A Paris 100% des vélos sont susceptibles de finir volés. Là encore, on est dans une sphère dans laquelle la puissance publique peut agir, même si je comprends bien que la Police Nationale a d’autres choses à faire que courir après les voleurs de vélos. En Hollande (hors Amsterdam) on peut encore laisser son vélo sans antivol en toute sérénité…

Faire de Paris la capitale du vélo demandera aussi de gérer ces 4 dimensions. Une affaire d’information, de communication, de contrôle de l’application, bref de volonté politique et de moyens. Pas de déclarations enflammées et d’incantations.

[post-views]
Partager
Share on FacebookShare on Google+Tweet about this on TwitterShare on LinkedIn

Olivier Genevois

Elevé à la pub des 80′s, biberonné au réalisme du marketing, enthousiasmé par les questions globales liées à la Cité, j’ai co-fondé Sennse avec ce joyeux mélange d’aspirations personnelles et de savoir-faire professionnel. Depuis plus de 25 ans je décortique ainsi les enjeux techniques et politiques des institutions, je réponds aux questions très concrètes des opérateurs de transport, je partage les réflexions d’avenir des urbanistes, je me confronte aux exigences divergentes des usagers-consommateurs-citoyens.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *