L’histoire et la mémoire locales, “new frontier” pour les dircoms ?

Communes, intercommunalités, départements régions : les bouleversements touchent désormais tous les étages de notre « mille feuille ». Comment la communication peut-elle redonner du sens à ces identités locales transfigurées ?

Où donner de la tête, est vers quel saint se vouer ? Les débats actuels sur les réformes territoriales sont l’occasion d’une profusion d’échanges, de propositions et de contre-propositions dont les réseaux sociaux comme la presse constituent la caisse de résonance quotidienne depuis plusieurs mois.

Changement d’ADN pour nos territoires

La Nouvelle organisation territoriale de la République en cours de discussion n’est que l’un des derniers épisodes des changements à l’œuvre : il faut aussi y ajouter les débats plus ou moins clairs sur la fin des départements, le bouclage de la carte de France des groupements intercommunaux, l’évolution des principales villes de l’Hexagone en « métropoles » – sans oublier bien sûr le Grand Paris.

Le flottement identitaire est désormais perceptible : communes, intercommunalités, départements, régions…  Chacun des niveaux du « mille-feuilles » à la française, consubstantiel de notre identité et tellement en phase avec la pensée complexe chère à Edgar Morin, est concerné par un changement d’ADN. « La France a peur », comme le disait un certain présentateur de JT, ce que confirment à la fois les travaux de Jacques Lévy sur l’existence d’une « injustice spatiale » et les analyses de Christophe Guilluy sur la « France périphérique ».

Les dircoms interpellés

Comment les directeurs de la communication peuvent-ils aborder ce phénomène  d’autant plus complexe qu’il s’entortille dans certains (res)sentiments citoyens ? La pression est en train de fondre sur ces accompagnateurs de politiques publiques locales, à qui les élus demandent de produire logos et plaquettes, cependant que les citoyens exigent plus de sens au niveau de ce qu’il est convenu d’appeler le « vivre ensemble ».

Il existe certainement plusieurs pistes pour répondre à cette double exigence. Celle que je soumets ici, et qui sera mise en débat le 10 décembre prochain lors du Forum Cap’Com, est d’ordre culturel. Elle vise à prendre en considération dans les nouveaux positionnements institutionnels à venir la dimension historique et mémorielle locale. Non pas que l’histoire et la mémoire soient totalement oubliées par les collectivités locales : les directions de la culture, les écomusées, les offices de tourisme valorisent depuis longtemps ce que les historiens appellent des « traces ». Force est toutefois de constater que ces approches demeurent confinées au niveau du folklore local. On peut également observer que les régions et les intercommunalités, appelées à jouer un rôle de plus en plus central, sont aussi les collectivités les plus récentes – c’est-à-dire celles au sein desquelles le travail de positionnement identitaire reste globalement à faire.

Ne pourrait-on pas franchir un pas supplémentaire, s’appuyer sur l’histoire et la mémoire des populations locales afin de proposer à nos concitoyens des éléments de « sens commun » reposant frontalement (et non pas de biais comme c’est le cas aujourd’hui) sur un socle culturel partagé ? Ce lien entre communication et mémoire historique locale aurait certainement pour effet de fertiliser les actions de communication, marketing territorial inclus. Il permettrait surtout de connecter plus encore les habitants avec les racines des lieux sur lesquels ils ont élu domicile, les inscrivant dans un « récit de la ville » qui les intègre en tant que forces agissantes. Comprendre pour mieux se situer dans le devenir du territoire, en somme.

Forum Cap’Com 2014 (à Nancy) – Grand Format « Enraciner sa communication dans la mémoire locale »  – http://www.cap-com.org/content/gf2-–-enraciner-sa-communication-dans-la-mémoire-locale

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Frédéric Theulé

Directeur de la communication à l’Institut d’aménagement et d’urbanisme de la région Ile-de-France (IAU îdF), docteur en histoire urbaine, chargé de cours universitaires (communication, histoire), membre du copil Cam’Com. #communication #histoire #urbanisme #smartcity #digital

2 pensées sur “L’histoire et la mémoire locales, “new frontier” pour les dircoms ?

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