Conférence Communication publique – Où en est la com’ des conseils généraux en 2007 ?
Conférence Communication publique Où en est la com’ des Conseils généraux en 2007 ? par Céline Letellier Quid de l’image du Conseil général auprès des citoyens ? Comment la com’ peut-elle contribuer à la bonne visibilité de ses actions ? Telles étaient les questions posées par Communication publique, en partenariat avec le Conseil général d’Indre et Loire, l’Assemblée des Départements de France et blog-territorial. Institution bicentenaire, le Conseil général est mieux connu du grand public depuis les nouvelles attributions que lui confèrent les lois de décentralisation. Il intervient principalement sur le plan social, auquel il consacre 60% de son budget annuel : suivi social personnalisé, soutien financier aux familles, ou encore aide au logement font du Conseil général une structure en contact direct avec les citoyens. Toutefois, ses compétences ne semblent toujours pas clairement identifiées par le public. Selon le baromètre CEVIPOF présenté par Elisabeth Dupoirier, 78% des Français souhaiteraient plus d’informations sur les activités du Conseil général. Le département, un espace disputé Le processus de décentralisation, à l’œuvre depuis les années 80, a multiplié les structures administratives. La définition du département n’en est pas simplifié : il est à la fois un territoire et une population, une division administrative de l’Etat et une collectivité territoriale. Dans ce contexte complexifié, la communication remplit une double fonction: elle est d’une part un outil au service de la cohérence de l’action départementale, et d’autre part un élément majeur de la visibilité du Conseil général. En effet, au même titre que les autres pouvoirs territoriaux, le Conseil général prend place dans un contexte multi émetteurs et doit donc se différencier pour s’identifier. Dans sa boite aux lettres, le citoyen recevra la revue de la commune, celle de la communauté d’agglomération, celle du conseil général etc. Cette concurrence de message peut être un atout pour l’action publique, notamment dans des domaines où s’opère un consensus (la sécurité routière), mais elle peut aussi devenir problématique dans le domaine financier par exemple, où le transfert de fonds n’a pas suivi celui des compétences. Médias et services communication : une responsabilité partagée Cette faible visibilité est accentuée par une très faible présence des actions du Conseil général dans les médias. Le niveau départemental est souvent ignoré et ne possède pas de référents au sein des rédactions. Pourquoi ? L’action territoriale et, plus généralement les politiques publiques, inscrivent leur action sur le long terme et ne se soumettent pas aux impatiences des formats médias. Il ne s’agit pas seulement des délais imposés par le circuit administratif mais aussi du temps nécessaire à la décision, que les décideurs administratifs et politiques justifient souvent par l’importance des enjeux. De plus, les médias se nourrissent d’images et de problèmes plus que de solutions, et ont volontiers recours à la personnification. Or, une collectivité agit au nom de l’intérêt général, son action se veut fluide et efficace, elle préfère le fond à la forme et n’aura que peu d’images à soumettre aux médias. Conférence du 20/09/2007 à Tours. Photo : D.R. Pour la jeune génération de journalistes, familiers de ces standards, l’information institutionnelle apparaît donc souvent rébarbative. Un sentiment qui se traduit par une absence de suivi et une certaine faiblesse des traitements. Les modalités d’une collaboration efficace restent donc à définir. Si les médias s’éloignent effectivement de l’information institutionnelle, c’est sans doute aussi la conséquence d’une trop faible connaissance du tissu médiatique de la part des services de communication. De plus l’efficacité des rapports entre les services communication et les médias est également conditionnée par la capacité d’anticipation des équipes de communication. En effet, selon Gérard Vallès, directeur de France 3 Limousin “les directions de communication doivent intégrer les différents modes de traitement de l’information” en amont de leur stratégie globale. Peut-on communiquer sur l’action sociale ? 60% du budget annuel d’un conseil général est consacré à l’action sociale. Mais y a-t-il là de réelles opportunités pour le service communication ? A l’expérience, il semble bien que communiquer sur le social soit une stratégie à risques. Les travailleurs sociaux, qui constituent le réseau de terrain (l’infanterie?) de l’action sociale départementale, se montrent généralement réticents à l’égard d’une communication du conseil général sur l’action sociale. Et même à l’égard d’une mise en évidence de leur appartenance au conseil général. Tout d’abord, il y a pour eux un risque de stigmatisation des populations en difficulté. Communiquer sur l’action sociale implique en effet la mise en valeur de situations précaires. De plus, investis quotidiennement dans l’aide aux personnes défavorisées, les travailleurs sociaux protègent leur action et ne souhaitent pas voir les institutions bénéficier d’un report de notoriété. Enfin, pour eux, le budget consacré à la communication s’avère de faible efficacité en comparaison du travail de terrain. Et la communication interne ? Depuis toujours, la coordination des administrations relève de la hiérarchie administrative. Longtemps considérée comme “naturelle”, comme allant de soi, voire allant sans dire, la communication interne des conseils généraux ne fait pas toujours l’objet d’un traitement approfondi par une équipe dédiée. Pourtant, la parole interne est la première forme de la parole institutionnelle. C’est en interne que commence la prise de parole des conseils généraux, lors des réunions d’élus. Cette situation paradoxale met en évidence la difficulté du Conseil général à trouver les éléments indispensables à l’expression de son identité. Toutefois, face à la complexification du paysage administratif, la professionnalisation de la communication interne apparaît de plus en plus nécessaire. La communication interne doit avant tout générer les conditions favorables à l’expression d’une culture commune du personnel. Elle doit également favoriser l’expression de l’identité propre du conseil général afin de développer un sentiment d’appartenance de la part du personnel. Les éléments fédérateurs extraits en interne pourront influencer l’image du conseil général auprès des citoyens, et participer de fait à la cohérence de son image globale. Démocratie participative Définie comme l’ensemble des techniques visant à une plus forte implication des citoyens dans le débat public, la démocratie participative a été très valorisée lors de la dernière campagne présidentielle. Toutefois, pour assurer sa pleine efficacité, il est nécessaire de bien définir son champ, de comprendre ses limites, voire de circonscrire son action. Il est nécessaire d’inscrire la consultation publique dans une stratégie à plus grande échelle, afin de ne pas faire passer cette volonté d’ouverture pour un pur exercice de communication. De plus, cette démocratie ouverte est souvent “captée” par une petite partie de la population. Si la représentativité des interlocuteurs est faussée, il y risque pour la puissance territoriale de saisir insuffisamment les préoccupations collectives. Enfin, la démocratie participative remet en question le rôle même du politique : les élus doivent-ils élaborer leur projet politique en collaboration directe avec les administrés, voire sous leur dictée? Ou bien leur rôle – et leur responsabilité – est-il de proposer au débat un projet déjà réfléchi, voire établi? La plupart des présidents de Conseils généraux semblent préférer la deuxième réponse. Vote des lecteurs sur blog-territorial.com
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Intéressant !
Pour en revenir à la démocratie participative…
De ce que j’ai pu en voir, bien souvent les citoyens s’expriment et débattent entre eux. Je n’ai jamais vu “l’autorité” intervenir dans le débat et c’est bien là qu’est le problème. En tant que citoyen, nous n’avons pas toutes les données, en tant qu’élu ils leur manquent la pratique du terrain et de vivre certaines situations.
Pour l’instant, j’ai plus l’impression que les forums dédiés sont plus un défouloir qu’autre chose.
La démocratie sera réellement participative quand les deux parties auront un réel échange.
Pour ma part, j’ai déjà assité à des réunions de quartier, où les élus débattent directement avec les citoyens… mais, à ce stade, je préfère parler de “concertation locale” plutôt que de “démocratie participative”. Dans le dernier terme, il n’est pas seulement question de débat mais de prise de décision par les citoyens !
Une journée trés intéressante en somme! Il est effectivement regrettable que les journalistes, soumis à des contraintes temps extrement fortes, ne soient pas plus créatifs…
… créatifs ou réactifs ? Sans doute un peu des deux 😉 Mais sans doute aussi, comme le démontre la synthèse, que les responsabilités sont partagées, entre journalistes et communicants… et que, pour ne pas simplement se lamenter sur ce constat, il reste des passerelles à mettre en place et des synergies à créer dans les prochaines années.