“Les supers jobs” : attention aux copies !
par Luc Bernard Cérémonie des D&AD Awards, 3 juin 2010 ; l’agence Sapient reçoit le “Black Pencil” de la catégorie “Digital Advertising Campaigns” pour la campagne du “meilleur job du monde”. Un énième trophée qui vient compléter une collection déjà bien remplie. Des retombées presse exceptionnelles, une renommée mondiale, “The best job in the world” marque l’apparition d’un nouveau type de campagne de communication. Un exemple bien compliqué à rééditer… Janvier 2009, l’office du tourisme du Queensland en Australie souhaite développer l’image de son territoire. L’idée est à la fois originale et simple : publier une offre d’emploi intitulée “The best job in the world” à laquelle “tout le monde peut postuler”, un salaire astronomique de 100 000 US dollars, un site web pour diffuser l’information avec à l’appui, un “gros levier” relation presse. Les résultats ? Pour un budget d’un peu plus d’un million de dollars, on ne compte pas moins de 35 000 candidatures venant de 197 pays, plus de 8 millions de visites sur le site Internet et des retombées presse évaluées à 368 millions de dollars . L’apparition de déclinaisons est inévitable Il est logique que le succès d’une telle opération – sans précédent faut-il préciser – fasse des émules un peu partout. L’apparition de multiples déclinaisons est donc inévitable ! Dans ce genre de situation, deux options : le top et le flop ! Pour la première catégorie, “le 2e meilleur job du monde” de la société LetsBuylt est en tête d’affiche. Plus question ici de garder une île mais de faire du shopping dans 7 capitales mondiales de la mode. Le principe reste le même, un CDD de courte durée avec un salaire “plutôt” large, 10 000 euros et des conditions de travail exceptionnelles, autrement dit, une carte bancaire bien remplie et des hôtels de luxes. Plus d’un million de pages vues sur le site Internet, 280 000 visites en 6 semaines, le site de vente en ligne est satisfait de son opération. Un succès ? OK, mais très relatif comparé au Queensland. “les meilleurs jobs” : du Top… mais aussi du Flop Un certain nombre de sociétés et de collectivités souhaitent faire le buzz de leur côté. Le succès du Queensland a en quelque sorte créé un nouveau type de campagne : un salaire attirant, un contrat de courte durée, un job attrayant, un site Internet relayant les informations et un bon levier relation-presse. L’idée de l’agence Sapient en somme. Quand le processus est bien assimilé, la campagne marche ! Quand ce n’est pas le cas, la campagne peut dériver. Direction la Vendée et les Sables d’Olonne. L’office du tourisme veut faire savoir que la station vendéenne est une zone particulièrement ensoleillée en saison estivale. Pour atteindre ce but, on reprend le principe des “supers jobs” déjà vu ailleurs et on le met à sa sauce pour faire sa propre campagne de communication. Plus question donc de garder une île ou de faire du shopping, il faut ici “protéger les plagistes des excès de soleil” en leurs proposant de les tartiner de crème solaire ou en leur apportant de “précieux conseils”. Question salaire, rien de bien nouveau, il est attirant: (surtout pour un jeune) 5 000 euros et le cadre de travail idyllique. Jusque là, pourquoi pas ? Là où ça hic, c’est lorsque l’on s’intéresse au casting. Officiellement, ouvert à tous les jeunes, la page d’accueil du site Internet interpelle. Ce ne sont pas n’importe quels jeunes qui sont ici choisis comme modèles, ce sont bien “deux canons”. Le site Ouest-France va même jusqu’à se poser la question de savoir si “un joli bronzage et quelques pectoraux ne seraient pas un plus” ne doit pas être ajouté à l’offre d’emploi. Marc Thébault s’interroge lui sur l’intérêt des “poitrines un peu faiblardes et des boudins” de se présenter au casting. Pas de mauvaises langues, c’est sûrement un grand hasard de voir que les deux jeunes lauréats sont physiquement très agréables. Espérons, qu’ils aient bien appris leur leçon pour leur permettre de donner les conseils demandés. Dernier point noir de ce projet, la présence dans la Loire d’un autre “job le plus cool de l’été” à vocation cette fois beaucoup plus culturel. Deux “jobs de l’été” simultanés, ça fait un peu “tâche”. Les emplois de ce type se multiplient un peu partout : Gardien de pandas en Chine ou encore faire le tour du monde en 80 jours via des vols et hôtels premières classes. On en voit de toutes les couleurs. L’idée la plus décalée nous vient probablement de la Californie. Les États-Uniens ont lancé un nouveau casting: devenir une sorte de “buveurdevin 2.0”. Le principe ? Déguster pour un salaire très agréable un certain nombre de vins durant 6 mois afin d’alimenter un blog sur la toile. Rappellons que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé ! Malgré toutes ces campagnes, il semble qu’un homme soit déjà au top de tous les jobs mondiaux. Le Président des États-Unis, Barack Obama, a lui-même déclaré qu’il faisait le meilleur job du monde. Au moins, ça, c’est clair !
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