60 millions de tonnes de déblais !
60 millions de tonnes de déblais ! C’est le volume estimé par la Société du Grand Paris en production de déchets pour pouvoir creuser les tunnels du futur métro Grand Paris Express. Des déchets à extraire, à trier (il existe 6 chaînes de tri en Ile-de-France à l’heure actuelle capables de traiter un peu moins d’1 million de tonnes par an), à recycler (10% des terres seraient polluées), à stocker (la Seine-et-Marne et l’Oise ont refusé de servir de zone de stockage) et à utiliser. Voilà donc le défi de ce chantier hors du commun.
60 millions de tonnes c’est aussi un chiffre qui ne cesse d’évoluer : il y a 2 ans seulement, la SGP annonçait 30 à 40 millions de tonnes de déchets et à l’époque l’association Ile-de-France Environnement estimait déjà le chiffre à 60 millions ! Si ce qui demeure une estimation devait repartir à la hausse la question atteindrait un stade véritablement critique. Manne ou montagne ? Telle est la question qui se pose aujourd’hui.
Voici donc défi supplémentaire pour le chantier du siècle en Ile-de-France, qui devrait bouleverser Paris et ses banlieues pendant quelques années. Je veux y lire une opportunité exceptionnelle pour les professionnels du recyclage de mettre en œuvre une expertise française de gestion des déchets du BTP. Une expertise qui pourrait s’exporter car nombreux sont les chantiers gigantesques sur le globe et leur préoccupation environnementale ne devrait cesser de croître.
Un des problèmes majeurs est que la réutilisation des matériaux excavés pour le chantier du GPE lui-même est une solution dévoreuse d’espace car elle suppose de stocker et de transformer dans des zones souvent contraintes et très denses. Et l’évocation des conditions logistiques d’évacuation donne des sueurs froides : une moyenne de 75 camions par jour pendant 15 ans (ou de deux péniches, à conditions qu’une voie navigable existe bien entendu). Il va falloir être créatif pour gérer dans un espace réduit et habité dans la plupart des cas des activités « classiques » de travaux de BTP et des activités de tri et de recyclage.
Le concept d’économie circulaire viendra peut-être en aide à ceux en charge de résoudre ce casse-tête environnemental et économique. Une partie des granulats extraits pourraient servir à fabriquer le béton nécessaire aux dizaines de kilomètres de tunnels par exemple. A quelques mois des premiers coups de pioche de la Ligne 15 sud, ses 33 kilomètres et 16 gares entre Pont de Sèvres et Noisy-Champs, Philippe Yvin, le Président de la Société du Grand Paris, a rappelé la nécessité de valoriser au maximum en utilisant notamment une partie de ces terres dans les projets d’aménagements franciliens. Il faudra suivre de près la concrétisation locale de ces engagements globaux.
Une des réussites du Grand Paris aussi celle de la gestion de ses déblais de construction, pas uniquement celle de la qualité de son métro.
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